2022-10-26
Comment mieux concilier la vie de chercheur.euse à celle d’entrepreneur.e ?

Comment mieux concilier la vie de chercheur.euse à celle d’entrepreneur.e ?

par Startup Montréal
26 septembre 2022

Emmanuella Michel de Cogni XR Health et Alexandre Beaudoin d’Éco-pivot, nos invité.e.s de la dernière édition des Mercredis Startup organisé en partenariat avec Esplanade Québec, jasent de la conciliation exigeante entre la recherche et la vie d’entrepreneur.e.

Pourquoi transformer des recherches prometteuses en projets intégrés à la société ?

Alexandre Beaudoin a eu cette impulsion après avoir remis son mémoire de maîtrise. Il s’est rendu compte que les conclusions de ses recherches étaient rapidement « tablettés », ce qui lui a fait vivre beaucoup de frustration. Il a ainsi compris que, d’amener la conclusion de ses études vers le milieu professionnel, devenait sa responsabilité. C’est ainsi qu’il a lancé un premier projet d’affaires tout en poursuivant ses études.

Éviter que le projet de recherche se retrouve aux oubliettes

Il a d’abord complété une première maîtrise en développement durable en lien avec la biodiversité urbaine avant de faire une deuxième maîtrise touchant un projet en matière de gouvernance. Il a utilisé ces deux sujets de recherche dans le cadre du développement d’Éco-pivot, son entreprise la plus récente grâce à laquelle Alexandre et son équipe contribuent à transformer des villes durablement en travaillant main dans la main avec de grands acteurs du milieu au lieu d’être en opposition aux développements en cours.

« Dans la recherche, on ne s’approprie pas toujours les conclusions de l’académique pour qu’elles traversent vers le monde réel et appliqué. Il faut donc faire le saut vers l’entrepreneuriat pour concrétiser cette étape. » – Alexandre Beaudoin, fondateur d’Éco-Pivot. 

Avoir un impact positif sur la société

Emmanuella a eu un parcours un peu différent de celui d’Alexandre, mais elle arrive aussi à la même conclusion qu’il est très valorisant de voir ses recherches se transformer en projets intégrés à la société.

Cette nouvelle entrepreneure a fait des observations en travaillant sur le terrain en santé et en services sociaux. C’est en voyant les besoins criants qu’elle a décidé de faire un retour aux études. Elle complète actuellement un doctorat en technologie éducative parallèlement à la création d’une plateforme offrant des services aux prestataires de soins en santé mentale. Son projet d’affaires, Cogni XR Health, qui regroupe différentes technologies liées à l’intelligence artificielle et à la réalité virtuelle, aide à améliorer les diagnostics et à optimiser les traitements en matière de santé mentale afin de diminuer l’anxiété en temps de crise et d’améliorer le bien-être des patients au quotidien.

Présentement, dans le milieu académique, les directeur.trice.s de recherche se font un plaisir de rappeler aux étudiant.e.s que la recherche et l’entrepreneuriat sont deux choses séparées. Toutefois, dans un projet de recherche, lorsque l’on sait déjà qu’il y aura des applications concrètes ayant le pouvoir d’impacter positivement la vie des gens, ça peut être un grand facteur d’engagement.

Emmanuella explique qu’il est vraiment motivant de voir l’approfondissement des savoirs se transformer en utilisations concrètes. 

« Un bon doctorat est un projet complété qui aboutit en un projet concret. » – Emmanuella Michel, fondatrice de Cogni XR Health.

Donner de la crédibilité à un projet d’affaires

Nos invités soutiennent également que la recherche contribue à l’étape de validation d’un projet (project market fit).

Pour Emmanuella, ses études lui permettent d’exercer son cerveau à citer des sources crédibles issues de la recherche pour venir appuyer les données utilisées dans son projet d’affaires. Ça donne donc de la valeur à son entreprise en plus de l’aider à développer ses réflexes de présentation et de vente.

Dans le cas d’Alexandre, la recherche et le projet d’affaires sont interreliés puisqu’il complète un doctorat de type recherche-action. Il doit donc avoir des clients et des expériences concrètes pour nourrir sa thèse doctorale. Il a d’ailleurs réussi à aller chercher du financement spécifique à ce type de projet.

Le projet d’Alexandre vise vraiment à mettre en lumière le fait que le côté académique est parfois un peu haut perché par rapport au monde réel. Il souhaite rapprocher ces deux sphères afin qu’elles puissent s’imbriquer davantage l’une dans l’autre dans le futur.

Quels sont les défis de la conciliation entre la vie de chercheur.euse et celle de l’entrepreneur.e ?

Il ne faut pas se mentir, il y a un stress financier. La vie de chercheur.euse n’est pas celle qui est la plus lucrative. Il peut donc devenir périlleux d’investir financièrement dans un projet d’affaires. Cette réalité s’avère confrontante lorsqu’il est temps de trouver des alliés financiers ou de s’engager dans un nouveau mandat avec un client. On peut être tenté de dire « oui » à quelque chose qui n’est pas totalement aligné avec nos valeurs ou notre projet initial. Nos deux entrepreneur.e.s s’entendent pour dire qu’il ne faut pas tomber dans le piège de dénaturer la raison d’être de l’initiative entrepreneuriale de départ.

 

Nos invités ont également souligner que l’enjeu de temps est aussi bien présent dans leurs vies respectives. Être entrepreneur.e est déjà un rôle prenant. Quand on ajoute à cela un engagement de recherche, cela n’améliore pas les choses, d’où l’importance de bien s’entourer et de faire des choix intelligents. Il faut également souligner que les personnes qui sont aux études supérieures sont en âge d’avoir une famille. Le travail de conciliation ne concerne donc pas uniquement les projets d’affaires et la recherche. On y ajoute la vie de famille qui doit entrer dans l’horaire. Nos fondateur.trice.s ont donc appris à mettre des limites claires pour réserver du temps de qualité à leurs enfants et conjoint.e.s.

 

L’arrimage difficile entre le monde réel, qui n’arrête jamais, et le milieu académique, avec ses conventions et son propre rythme, peut également être une difficilté importante sur le parcours des chercheur.euse.s/entrepreneur.e.s. Il faut savoir être flexible très tôt et à compartimenter de manière efficace les différents chapeaux que l’on doit porter quotidiennement.

Quelques conseils pour mieux faire cette conciliation

  • Être indulgent.e envers soi-même.
  • Être à l’écoute de ses besoins.
  • Choisir un sujet d’études qui vous passionne.