Richesse culturelle : les histoires à succès de deux entrepreneur.e.s immigrant.e.s

Les entreprises parlent de plus en plus de diversité et d’inclusion. Louis-Edgar Jean-François, PDG du Groupe 3737, notre partenaire du dernier numéro de nos Mercredis Startup, préfère parler d’optimisation de la richesse culturelle lorsqu’il est question d’avoir des milieux de travail inclusifs du point de vue de l’immigration. Pour approfondir ce concept, nous mettons aujourd’hui en lumière le parcours de Myriam Jean-Baptiste, cofondatrice de LS Cream et de Sonel Merjuste, cofondateur de Tempehine. Ces deux entrepreneur.e.s immigrant.e.s représentent fièrement la richesse culturelle et sauront vous inspirer par les apprentissages qu’ils ont faits à travers le développement de leurs entreprises.

LS Cream : contourner les difficultés liées au financement d’un projet d’affaires et croître à l’international

LS Cream est un produit qui met de l’avant les richesses culturelles de l’Haïti. La bouteille de ce breuvage festif affiche fièrement le drapeau du pays. Cette crème de liqueur aux notes de muscade, de noix de coco, de vanille et de cannelle est inspirée du crémasse, une recette emblématique haïtienne.

Composer avec les barrières d’entrée durant le démarrage d’une entreprise

Dans son démarrage, LS Cream ne connaissait pas les barrières d’entrée pour un tel produit au Québec : l’industrie des boissons alcoolisées est extrêmement réglementée et la SAQ représente l’unique distributeur du territoire. Les étapes de production et de manufacture n’ont donc pas été simples pour Myriam et son conjoint Stevens. Le financement a aussi été une phase particulière et formatrice : ne sachant pas vers qui se tourner lors du démarrage, les propriétaires de LS Cream ont injecté beaucoup de leurs fonds personnels dans l’entreprise avant de trouver les bonnes sources de financement. À cette époque, Myriam n’était malheureusement pas au courant de la présence de l’écosystème des startups et des ressources qui peuvent y être associées.

Financer des projets à l’extérieur du créneau technologique

Avec le temps, Myriam et Stevens ont pu avoir accès à certains programmes et bourses en plus du soutien de plusieurs entreprises qui croient à l’importance de la diversité. Le défi est toujours de garder ces dernières engagées et fidèles à ce qu’elles promettent.

Il existe du financement spécifique pour les entrepreneurs issus de la diversité ou encore, du financement dédié à certaines communautés mais il est facile de s’y perdre. L’abondance de projets technologiques peut créer un certain frein pour des projets comme ceux de LS Cream et de Tempehine, qui ont un fort potentiel de croissance, mais qui ne sont pas dans ce créneau populaire. Il n’en demeure pas moins qu’avant de puiser à même des économies personnelles, les entrepreneurs sont encouragés à frapper à différentes portes, comme celle du Groupe 3737, dans le but d’y voir plus clair.

Se tourner vers l’international pour croître

LS Cream a rapidement eu à chercher d’autres marchés pour se déployer à son plein potentiel.

« Les entrepreneurs doivent avoir l’audace d’ouvrir leurs horizons. » souligne Myriam

C’est ce mode de pensée qui a permis à son entreprise de faire une récente percée aux États-Unis. D’abord sous forme de simples conseils stratégiques, les contacts pris ont rapidement migré vers un partenariat d’affaires concret permettant d’accueillir de premiers investisseurs américains au sein du projet. Bien que l’entreprise continue de produire, distribuer et développer fièrement sa crème de liqueur au Québec, sa présence aux États-Unis lui offre une belle flexibilité incluant la possibilité de vendre à un prix beaucoup plus profitable.

Depuis quelques mois, cette startup de boisson alcoolisée parle aussi de poursuivre son développement dans le reste du Canada et de conquérir bientôt le marché africain.

Il s’agit donc d’un bel exemple d’entreprise qui a choisi de faire briller ses origines dans un produit qui connaît beaucoup de succès.

Tempehine : se positionner stratégiquement dans l’agroalimentaire et prendre racine dans le nord de Montréal

Tout comme Myriam, l’entreprise de Sonel et sa conjointe, Jasmine, est issue du domaine agroalimentaire. Son projet a commencé autour de l’idée d’amener un plus grand nombre d’individus à apprivoiser le Tempeh, une excellente source de protéine végétale qui est encore peu connue au Québec. En utilisant la voie de l’innovation, Tempehine a travaillé à offrir la plus grande gamme de produits de Tempeh en Amérique du Nord.

Trouver le bon partenaire financier en affaires

En tant qu’immigrant, Sonel mentionne qu’il avait, lui aussi, une méconnaissance de l’écosystème des startups de Montréal lorsqu’il a décidé de se lancer en affaires. Il n’avait pas beaucoup de référents culturels pour asseoir ses bases et a senti, au début, de la méfiance de la part de certaines institutions.

Dans le cas de cette entreprise innovante, c’est le MAPAQ qui a offert un premier soutien. Il y a ensuite eu la BDC et PME Montréal. Avant de trouver les bonnes personnes qui ont réellement cru en leur projet et qui ont pu leur donner des ailes, Sonel et sa partenaire ont eu à composer avec des montants qui n’étaient pas à la hauteur de ce qu’ils auraient souhaité au départ.

« Quand tu as finalement les bons partenaires à tes côtés et que tu te sens bien entouré, c’est le succès assuré, » souligne Sonel.

Choisir un positionnement fort dès le début d’un projet

Tempehine a choisi de miser sur une stratégie de positionnement forte pour faire sa place sur le marché québécois et ça a fonctionné. Les produits de l’entreprise s’inscrivent dans une gamme santé, certifiée biologique qui porte aussi fièrement le sceau d’Aliments du Québec. Toutes ces appellations et certifications ont été difficiles à aller chercher au départ, mais ont été payantes pour trouver une place de choix sur le marché de la Belle Province.

L’entreprise qui pensait d’abord mettre ses efforts sur le développement du milieu de la restauration, de l’hôtellerie et des institutions en guise de levier, a eu à réviser son approche avec la pandémie. La COVID-19 a été un accélérateur pour la startup puisqu’il y a eu un engouement pour les produits locaux et la santé un peu partout dans nos magasins d’alimentation. C’est donc chez les épiciers que Tempehine a pu trouver preneurs en premier lieu.

Plus récemment, les nombreux dérivés de tempeh uniques proposés par cette startup innovante ont fini par faire leur chemin vers d’autres types de commerces tels que les restaurants Copper Branch ou les entreprises de boîtes repas Cook it, Et voilà 5, We Cook, etc.. Il aura donc été payant pour Tempehine d’inverser sa stratégie de développement et de revoir ses priorités en fonction d’un contexte particulier.

S’installer dans une usine de production à Montréal-Nord

Un autre élément qui définit bien le projet d’affaires de Sonel et sa femme passe par le fait que le couple a à coeur de créer des opportunités pour les talents issus de la diversité. L’implantation de son usine de production dans le quartier très multiculturel de Montréal-Nord s’inscrit dans cette volonté. Les deux entrepreneurs derrière Tempehine croient qu’il est important de contribuer à défaire les amalgames existants dans certaines communautés et de donner la chance aux gens de briller afin d’effacer parfois la négativité qui peut planer autour de certaines cultures.

Les conseils ultimes de nos entrepreneurs

Sonel recommande aux futurs entrepreneurs d’investir assez de temps dans la recherche de la raison fondamentale pour laquelle ils souhaitent démarrer un projet. C’est sur ce fameux «pourquoi je le fais » qui pourra les guider lorsqu’ils auront à faire face à l’adversité. C’est donc une étape qu’il ne faut, selon lui, absolument pas sous-estimer.

Myriam suggère quant à elle aux futurs entrepreneurs de prendre le temps de bien s’entourer afin de trouver le bon encadrement à leur projet. Elle pense sincèrement que d’avoir à ses côtés des personnes qui partagent la même vision et qui connaissent bien les rouages du secteur d’activité dans lequel on souhaite aller peut changer positivement le parcours d’une entreprise.

Nous remercions sincèrement notre partenaire Cisco Designed pour les petites entreprises qui contribue, pour une deuxième année, à la production des Mercredis Startup.

Restez à l’affût de notre prochain échange qui aura lieu le 13 avril et qui sera sous le thème de l’entrepreneuriat et la parentalité.

Consultez régulièrement les opportunités, projets et événements de Startup Montréal afin de trouver le soutien dont vous avez besoin en tant qu’entrepreneur.e.s.