2024-03-20
Prendre soin de la santé mentale en contexte de startup

Prendre soin de la santé mentale en contexte de startup

par Startup Montréal
19 octobre 2021

La pandémie de la COVID-19 a eu de nombreuses conséquences sur la santé mentale des entrepreneurs et de leurs employés. À l’occasion des Mercredis Startup, nous nous penchons aujourd’hui sur les pistes de solution que certaines startups utilisent pour améliorer la santé mentale de leurs équipes et de leurs leaders. Anthony Vendrame, fondateur de Poches & Fils accompagné de la présidente-directrice générale de l’organisation, Camille Hamelin, ainsi qu’Hillary Lin, présidente-directrice générale et fondatrice de Curio, ont échangé avec nous sur ce que représente le concept de santé mentale en entreprise et sur des moyens qu’ils ont testés pour en prendre soin.

Définir le concept de santé mentale n’est pas simple

Qu’est-ce que ces mots populaires veulent réellement dire: santé mentale (mental health), bonne forme mentale (Mental Fitness), endurance mentale (mental stamina), sécurité psychologique (psychological safety), culture organisationnelle (culture work) ?

Hillary Lin, qui a fait des études en médecine et qui est aujourd’hui propriétaire d’une startup, avec une approche novatrice, offrant des services liés à l’amélioration de la santé mentale des professionnels, nous explique que dans le langage actuel, le concept de santé mentale fait souvent référence à la maladie mentale. De son point de vue, c’est utilisé comme un terme fourre-tout qui inclut plusieurs notions différentes. La notion de maladie mentale grave, celle de l’épuisement professionnel et celle du stress se retrouvent ainsi toutes dans le même panier. C’est donc un mot qui couvre un terrain énorme et nous sommes en train de mieux définir chacun de ces termes actuellement. Il est donc normal que tout ne soit pas clair sur le sujet à l’heure actuelle.

Comment le concept de santé mentale est-il compris des entreprises ?

Le premier réflexe, pour plusieurs compagnies, est de rendre plus accessibles les soins en santé mentale, par exemple en couvrant les frais pour une thérapie ou de la médication, explique Hillary Lin. C’est assez récent que les entreprises voient la santé mentale comme un concept à plusieurs volets incluant : l’environnement de travail, les conditions de travail, les services aux employés, etc.

Pourquoi plusieurs stigmas persistent-ils en matière de santé mentale ?

«Le bien-être mental d’un individu est difficile à mesurer. Ça prend plus qu’une prise de sang. De plus, peu de gens réalisent que ça s’adresse à tout le monde. Le réflexe pour plusieurs est encore de dire : Je n’ai pas de maladie mentale alors ça ne me concerne pas. Hillary Lin

Toutefois, l’approche de Curio aborde la santé mentale comme la santé physique, c’est-à-dire qu’elle suggère que l’on peut s’entraîner à développer son intelligence émotionnelle, sa résilience et sa capacité d’adaptation face à des situations difficiles ou stressantes.

Quel est le rôle des entreprises dans l’accompagnement en santé mentale des employés ?

Il faut encourager les entreprises à aider les employés à travailler plus intelligemment plutôt qu’à les faire travailler plus fort ou un nombre spécifique d’heures calculé chaque semaine. Dans les faits, le bien-être tout comme la productivité d’un employé sont difficiles à améliorer. L’employé doit d’abord sentir qu’il est à la bonne place et qu’on lui fait confiance. Il doit aussi avoir de l’espace pour se reposer du travail, un peu comme les périodes de repos qui suivent un entraînement physique intense.

Quels sont les moyens concrets que l’on peut mettre à disposition d’un employé pour lui permettre de souffler ?

Évidemment, chaque contexte d’entreprise est différent, mais on observe de beaux succès dans des organisations qui offrent de nombreux jours de vacances devant être pris durant une année. C’est un moyen concret de donner l’occasion aux gens de faire la coupure avec le travail et de recharger leurs batteries. C’est aussi fascinant de voir les impacts positifs que certaines entreprises ont constatés en instaurant la semaine de quatre jours. Il y a évidemment des défis logistiques, mais ça fonctionne vraiment bien pour certains.

La semaine de quatre jours: le projet pilote de Poches & Fils

Poches & Fils, un atelier créatif montréalais qui transforme le vêtement du quotidien grâce à une poche unique, a choisi, suivant l’année difficile du début de la pandémie de la COVID-19, d’instaurer la semaine de quatre jours pour ses employés. Après avoir demandé l’avis des employés, avoir regardé ce qui se faisait dans de grandes entreprises à l’étranger et avoir été chercher l’appui d’une firme de consultation RH, l’organisation s’est lancée dans un projet pilote de trois mois qui a démarré en juillet 2021. Suite au succès de ce dernier, elle a décidé de rendre cette mesure permanente.

Quels sont les résultats observés suivant le projet pilote sur la semaine de quatre jours ?

Les gens se sentent mieux et nous ne livrons pas moins de projets. Nous n’avons pas de mesures précises sur la santé mentale de nos employés, mais nous avons une culture de proximité et d’écoute qui nous permet de dire que ce changement est positif pour nous en tant que leaders et pour nos employés. Nous avons l’impression que nous optimisons notre temps. On fait le même travail, mais on coupe dans le superflu. On se pose plus souvent ces questions: est-ce que ma présence est requise dans cette rencontre ? Est-ce que nous avons fait le tour de cette question ?

Plusieurs entreprises y pensent, mais hésitent à passer à l’action. Certains ne savent pas comment s’y prendre. Plusieurs questions entourant la mise en place de cette mesure nous ont été posées. Quel jour choisir ? Est-ce que l’on doit laisser cela à la discrétion des employés, etc. De notre côté, nous avons validé nos hypothèses auprès des employés et nous nous sommes lancés. Nous pensons que le fait que nous y croyons nous-mêmes a certainement facilité l’implantation et l’adhésion.

Pensez-vous que l’ajout de la semaine de quatre jours au sein de votre entreprise a des impacts positifs sur votre recrutement ?

Il est trop tôt pour le savoir, mais nous n’avons pas instauré cette pratique avec cette vision.

Chez Poches & Fils, nous avons une culture d’entreprise axée sur l’ouverture et nous avons à cœur d’améliorer la conjugaison entre le travail et la vie personnelle de nos employés. La semaine de quatre jours est un outil qui nous sert à avancer dans cette direction. Ce projet est issu de discussions que nous avons eues avec notre équipe afin de s’assurer que nous proposions des solutions concrètes pour les aider à se sentir bien.

Avez-vous des mesures en place qui favorisent le bien-être de vos employés ?

Faire un tour de table le lundi matin en demandant aux employés comment ils se sentent vraiment constitue une autre pratique importante chez Poches & Fils. Nous oublions, le temps de cet échange, le rôle de cette personne dans l’entreprise, ainsi que ses tâches. Nous nous concentrons à avoir une vraie discussion afin d’apprendre à mieux connaître les personnes pour ce qu’elles sont. Nous avons ainsi l’occasion d’en savoir plus sur leurs passions, leurs défis et leurs vies en général. Ça crée un environnement dans lequel nous acceptons que les gens soient vulnérables. Cette approche nous permet de naviguer avec plus d’assurance lorsqu’il y a un enjeu organisationnel à régler.

Vous avez encore des questions sur la santé mentale et le leadership ?

Accédez à l’entrevue intégrale de ce Mercredi Startup en format vidéo .

Vous aurez un peu plus d’informations sur l’approche singulière de Curio pour accompagner les professionnels et les entrepreneurs à prendre soin de leur santé mentale.

Les Mercredis Startup sont proposés en collaboration avec Cisco Designed.